Un routoir est un bassin utilisé pour tremper des plantes.
Le rouissage est la macération que l’on fait subir aux plantes textiles telles que le lin, le chanvre, etc., pour faciliter la séparation de l’écorce filamenteuse d’avec la tige. On fait rouir le chanvre ou le lin dans un routoir. Le terme rouir vient du francique rotjan, qui signifie pourrir.
Le routoir pouvait être aussi un trou creusé au bord d’une mare, un étang, un petit cours d’eau. Les eaux qui le formaient étaient stagnantes ou courantes. Avec des eaux stagnantes, on obtenait un résultat plus rapide mais la filasse était de moins belle qualité et surtout moins résistante. Dans les eaux courantes, le rouissage était plus lent mais l’on obtenait des fibres presque blanches et très solides.
Le Chanvre à Crolles
La culture du chanvre dans le Grésivaudan remonte au Moyen Age et perdure jusqu’au début du 20ème siècle.
Le chanvre, plante annuelle et fibreuse est l’une des cultures les plus anciennes et les plus riches du Grésivaudan. Cette plante de la famille des cannabinacées était utilisée pour la confection des cordages, du tissu et des toiles pour les navires.
Semé au printemps et récolté à l’automne, le chanvre est mis en bottes et trempe pendant une dizaine de jours dans les routoirs, classés établissements insalubres début XIXème à cause des nuisances (pollution des cours d’eau, odeur nauséabonde…). Cette étape de rouissage facilite la séparation de l’écorce et de la tige filamenteuse. L’action suivante, le teillage, permet d’extraire la fibre textile, la filasse, du bois de la tige. Peignée, la fibre, de plus en plus mince, devient un fil.
La culture du chanvre décline dans la seconde moitié du XIXème siècle, ne résistant pas à la concurrence étrangère ainsi qu’à l’avènement des fibres synthétiques et d’autres cultures comme celle du coton.
En 1848, Crolles compte 100 hectares plantés en chanvre et 6 tisserands (métier liés au fils).
Mais face à la crise en 1882, il ne reste à Crolles plus que 2 hectares de chanvre cultivé et aucun tisserand.